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Mon bonheur c'est  le parfum des fleurs !

Un blog sur les plantes, la nature, les arbres... Mes autres blogs et site : http://www.lavalsedesaromes.com - http://lesarbresetmoi.canalblog.com - Face book : https://www.facebook.com/sabrina.millot

les Lauriers

les Lauriers

TOXIQUE

Nerium oleander Laurier rose, famille Apocynacées

Feuilles ovales lancéolées, à pétioles court, vert pâle dessus, mat dessous.

Fruit follicule cylindrique

 

 

 

TOXIQUE

Prunus laurocerasus Laurier-cerise, famille Rosacées

Feuilles persistantes, alternes, dentées sur les bords, épaisses, coriaces, vernissées.

Drupe noire

 

 

 

Laurus nobilis Laurier sauce, famille Lauracées

Les feuilles de forme lancéolée, alternes, coriaces, à bord ondulé, sont vert foncé sur leur face supérieure et plus clair à la face inférieure. Elles dégagent une odeur aromatique quand on les froisse.

Drupe ovoide

 
 
Intoxication volontaire par le laurier rose : cas notifiés au Centre Antipoison et de Toxicovigilance (CAPTV) de Lyon

Si la digoxine est utilisée régulièrement dans les tentatives de suicide, le laurier rose est plus rarement incriminé dans nos régions. Le laurier rose (Nerium oleander), arbuste de la zone méditerranéenne, contient des hétérosides cardiotoniques proches des digitaliques. Les feuilles contiennent plus de 30 glycosides différents. Si l’oléandrine est le principal hétéroside cardiotonique du laurier rose, 2 autres possèdent une activité similaire à savoir la nériine et la digitoxigénine.

L’action de l’oléandrine est attribuée à une inhibition de la pompe Na+/K+ ATPase membranaire qui induit une augmentation intracellulaire des ions Ca++ et Na+, une hypokalicytie et une hyperkaliémie. Les signes cliniques typiques de l’intoxication sont d’ordre gastro-intestinal (nausées, vomissements), parfois neurologique (obnubilation, confusion, troubles visuels) et surtout cardiaque (bradycardie, bloc auriculo-ventriculaire, extrasystoles ventriculaires pouvant induire des fibrillations).

La confirmation analytique de l’intoxication repose sur les méthodes immunologiques utilisées pour le dosage de la digoxinémie et surtout celui de la digitoxinémie. Le résultat de ces dosages, obtenu grâce à une réactivité croisée entre molécules, n’est donc pas spécifique de l’oléandrine et ne permet pas d’établir un lien prédictif entre la concentration mesurée et la gravité de l’intoxication. Un éventuel recours à une thérapeutique antidotique repose, comme pour les digitaliques médicamenteux, sur la présence de signes cliniques de gravité (cf VIGItox n°42), mais la dose d’anticorps antidigitaliques est déterminée de façon empirique ; en cas de risque vital immédiat, la dose de 320 à 480 mg peut être proposée.  Un cas récent nous a incité à faire le bilan des cas recensés au CAPTV de Lyon entre 2000 et 2011.

Durant cette période, le CAPTV de Lyon a été sollicité pour 24 intoxications volontaires par le laurier rose, soit 2,2 cas par an (extrêmes : 0-3 cas). Il s’agit de 13 femmes et 11 hommes.  L’âge médian est de 40,5 ans, les extrêmes variant de 9 à 84 ans.

L’enfant de 9 ans, dépressif, a exprimé le désir de mourir et un copain (fils de pharmacien) lui a apporté, dans ce but, 5 feuilles de laurier rose dont il n’a ingéré que la moitié d’une d’entre elles.

Les doses supposées ingérées (DSI), exprimées en nombre de feuilles, sont connues dans 14 des 24 cas, et varient d’une demie à 50 feuilles. Le mode de préparation, allégué par le patient ou sa famille, est connu dans 22 cas : 4 tisanes, 3 décoctions, 3 mixages ou pilages, 12 consommations de feuilles non préparées. La prise était isolée dans 15 cas, associée à une autre plante dans 2 cas (muguet, if + ricin), une substance chimique dans un cas (arsenic), des médicaments dans 6 cas (benzodiazépine, méprobamate, antidépresseur non tricyclique, buprénorphine).

Onze patients sont restés asymptomatiques. Trois ont présenté des troubles digestifs isolés, en faveur de l’ingestion de faibles quantités. Dans 3 cas, une somnolence associée aux troubles digestifs est imputable aux co-ingestions (benzodiazépine et méprobamate). Dans 6 cas, les signes digestifs étaient associés à des troubles cardiovasculaires.

Les troubles cardiaques étaient considérés comme bénins dans 3 cas :

  • 1 cas avec bloc de branche et troubles de la repolarisation à type d'ondes T négatives de V1 à V3 (DSI : 20 feuilles en décoction associées à de l’arsenic et digoxinémie à 0,5μg/L) ;
  • 1 cas avec bradycardie sinusale à 50 bpm, normalisée à 65 bpm le lendemain (DSI : 15 feuilles)
  • 1 cas avec BAV I (DSI inconnue).

Les troubles cardiaques étaient considérés comme graves dans 3 cas :

  • 1 cas avec bradycardie à 25 bpm, (60 le lendemain), cupule digitalique, PR limite, confusion mentale, dysarthrie, pneumopathie d’inhalation, traité par atropine et anticorps antidigitaliques (DSI : 100 g de feuilles pilées) ;
  • 1 cas avec bradycardie à 35 bpm, isolée et transitoire, sans autre trouble du rythme et une augmentation de la kaliémie de 4,2 mmol/l à H2 à 5,2 mmol/l à H12 (DSI inconnue, décoction de feuille de laurier rose, if et ricin, digoxinémie à 2,69 μg/L) ;
  • 1 cas avec bradycardie sinusale à 37 bpm (65 le lendemain), avec quelque ESV, diplopie, traité par atropine (DSI : 10 feuilles mixées).

L’évolution s’est faite vers la guérison dans les 16 autres cas pour lesquels elle est connue.

En résumé, dans notre région, les intoxications par laurier rose sont rares, 2 par an en moyenne. Elles restent asymptomatiques dans un bon nombre de cas ou s’accompagnent de troubles digestifs isolés. Les complications cardio-vasculaires, lorsqu’elles surviennent, ont usuellement été précédées par des troubles digestifs. Elles sont restées peu graves dans 3 cas, mais sérieuses dans 3 autres avec, au premier plan, une bradycardie sévère. Dans notre série, la gravité n’a pas pu être corrélée à la DSI. Des anticorps antidigitaliques ont été utilisés dans un seul cas.

 

http://vigitox.cap-lyon.fr/revues/48/articles/241

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