4 Février 2011
La liste de nos lamentations quotidiennes est longue n'est-ce pas ?
Il m'arrive souvent de recevoir des personnes qui, si je ne les interrompais pas, ne cesseraient de se plaindre jusqu'à la dernière minute de l'entretien. Les motifs du mal-être qu'elles expriment à travers un état d'irritation, d'impatience, d'agitation, de révolte ou de résignation, peuvent être résumés dans ce constat : « Ce qu'elles aimeraient qui soit …n'est pas ; ce qu'elles aimeraient qui ne soit pas …est ! »
Un vieux maître zen confronté à ce genre de doléances interrompt son interlocuteur et, avec un sourire qui témoigne de sa compassion, lui dit : « Monsieur, n'oubliez pas d'être heureux ! »
Cet homme, touché pas ces paroles, remercie le vieux maître pour « ce souhait qui lui met du baume au cœur ». Entendant cela, le maître zen reprend la parole et dit, d'un ton sévère : « Monsieur, lorsque je vous dis - n'oubliez pas d'être heureux - je ne formule pas un souhait, je vous donne une instruction ». Voilà ce qui devrait nous être rappelé de temps à autre : le bonheur et l'exercice du bonheur sont indissociables.
Le bonheur ? Je ne pense pas ici au plaisir éphémère, que nous connaissons tous lorsque notre ego est satisfait. Ni les soldes, ni la ristourne faite à l'occasion de l'achat d'une nouvelle voiture ne peuvent assurer le bonheur. L'instruction du maître zen concerne la joie d'être, la simple joie d'être - sans autre condition que celle d'exister. C'est le bonheur qui nous constitue, nous dépasse et révèle un niveau d'être autre que le moi ordinaire : notre vraie nature qui est le champ du calme intérieur, du silence intérieur, de la paix intérieure.
La société définit la manière dont nous devons vivre pour connaître le bonheur : travailler plus… afin de produire plus… afin de pouvoir acheter plus… afin de posséder plus ! A chacun de vérifier si cette manière de penser et de faire conduit au bonheur ou plus généralement à l'hypertension ou à la dépression ?
L'exercice du bonheur ? L'instruction du maître zen est de se donner la chance, chaque jour, de pratiquer l'exercice de la méditation. La pratique méditative est une rupture avec notre manière d'être et notre manière de faire habituelle. Rupture avec notre identification au « faire humain » pour se donner le temps de découvrir « l' être humain » que nous sommes.
Méditer, non pas pour se couper du réel mais pour privilégier une manière plus simple, plus détendue, plus sereine, de vivre dans le monde. A chacun de vérifier le bien-fondé de cette sagesse orientale, expérimentale et non-conceptuelle, qui engage le corps et l'esprit sur un chemin de connaissance de soi, du vrai soi-même.
Jacques Castermane
http://www.centre-durckheim.com